« Er ist wieder da » (il est de retour). Après le livre, le film. 70 ans après sa disparition, Adolf Hitler réapparaît dans Berlin en 2014, avec toujours la même ambition : prendre le pouvoir et dominer le monde.
Nous sommes à Berlin en 2014 et il est de retour.Tout à la fois hilarante et édifiante, une satire virtuose et prophétique sur nos sociétés fascinées par la célébrité et le culte de la personnalité, même si (ou a fortiori ?) ces « people » font, au mieux, preuve d'une bêtise crasse ou, au pire, professent des idées nauséabondes. Vous aviez le livre et maintenant sort le film.
Petit retour sur le livre avant de parler du film...
Succès inouï en Allemagne, traduit dans 35 langues, et adapté au cinéma en 2015, Il est de retour est un véritable phénomène. Entre Chaplin, Borat et Shalom Auslander, une satire aussi hilarante que grinçante qui nous rappelle que face à la montée des extrémismes et à la démagogie, la vigilance reste plus que jamais de mise.
Soixante-six ans après sa disparition, Hitler se réveille dans un terrain vague de Berlin. Et il n'est pas content : comment, plus personne ne fait le salut nazi ? L'Allemagne ne rayonne plus sur l'Europe ? Depuis quand tous ces Turcs ont-ils pignon sur rue ? Et, surtout, c'est une FEMME qui dirige le pays ?
Il est temps d'agir. Le Führer est de retour et va remettre le pays dans le droit chemin. Et pour cela, il lui faut une tribune. Ça tombe bien, une équipe de télé, par l'odeur du bon client alléchée, est toute prête à lui en fournir une.
La machine médiatique s'emballe, et bientôt le pays ne parle plus que de ça. Pensez-vous, cet homme ne dit pas que des âneries ! En voilà un au moins qui ne mâche pas ses mots. Et ça fait du bien, en ces temps de crise...
Hitler est ravi, qui n'en demandait pas tant. Il le sent, le pays est prêt. Reste à porter l'estocade qui lui permettra d'achever enfin ce qu'il avait commencé...
L'auteur Timur Vermes parle du personnage d'Hitler dans son livre "Il est de retour" !
Trailer du roman "Il est de retour" de Timur Vermes
La chronique de Gérard Collard - Il est de retour
Deux millions d’exemplaires vendus, traduit dans 41 pays… le best-seller signé Timur Vermes ne pouvait échapper à une adaptation au cinéma. Elle est sortie en octobre 2015 sur les écrans allemands et vient d'arriver sur Netflix France.
Le spectateur y découvre un Führer qui se réveille en 2014 à Berlin, dans le même état physique et mental qu'en 1945. Pris pour un acteur un peu fantasque, Hitler va être recruté par une chaîne de télévision, qui flaire le bon coup. Le dictateur est envoyé aux quatre coins du pays, accompagné de deux caméras, pour rencontrer les Allemands. Le film bascule alors de la fiction à la réalité, avec des scènes tournées sous forme de reportage. Le résultat est parfois hilarant, souvent dérangeant.
Au contraire du livre, ce n’est pas Hitler qui constitue le personnage central du film. Mais bien le peuple allemand d’aujourd’hui, confronté au retour du mal absolu.
Au cours d’un rassemblement du NPD, le parti néo-nazi, le revenant Adolf Hitler échange avec un jeune homme et cela donne un dialogue surréaliste. Le manifestant exprime son désir de plus de démocratie. Un système politique qui selon lui a besoin d’un chef, de quelqu’un tape du poing sur la table et dise « C’est comme ça que ça marche, point à la ligne ». Ce à quoi répond le Führer version 2014 : « Vous avez entièrement raison et c’est exactement ma conception de la démocratie »…
Un film qui traite de façon percutante de la présence du fascisme en 2015 dans notre société malgré un passé historique douloureux.
Sans Frontière avec Amaury Guibert à Berlin pour un reportage sur la sortie du film
Le moustachu apprend que la Pologne existe toujours, découvre les chaînes culinaires du câble ou encore Wikipédia. Vite repéré par une télé qui le prend pour un comédien, il devient une vedette du petit écran.
Plus qu'une simple adaptation, le réalisateur allemand David Wnendt a aussi filmé des séquences bien réelles de rencontres entre l'acteur Oliver Masucci grimé en Hitler et des passants. L'acteur s'est dit quelque peu effrayé de ce succès, tout comme une partie de la presse. "Les gens ont besoin de parler, ils veulent s'épancher auprès d'un Hitler paternel qui les écoute. J'ai trouvé effrayant la vitesse avec laquelle on peut conquérir les gens. Ils se tenaient tout de même debout aux côtés de Hitler ", raconte dans les colonnes du quotidien Bild Oliver Masucci, qui estime avoir pris 20.000 à 25.000 "Hitler selfies" lors du tournage.
"Hitler vend, Hitler est pop", commentait le journal, renvoyant à une "banalisation du mal", alors que la figure du dictateur, longtemps tabou, apparaît maintenant dans nombre d'ouvrages et publicités.
"C'est la réalité. Il faut en parler. Ce film montre que les gens sont manipulables et permet d'aborder, certes d'une façon légère, par le rire, un sujet dont on n'a pas le droit de parler en Allemagne. Il arrive exactement au bon moment car le danger est là", soutient Tobias à la sortie d'une salle obscure.
Et vous ? Qu'en pensez-vous ?