J'ai pris le risque de m’écouter vraiment

25 avril 2018 - 25 avril 2019 - J'ai pris le risque de m’écouter vraiment.

Pour clôturer cette "année de transition", vous allez lire mon dernier article pour FreeMag. Je vous partage une expérience qui peut-être fera écho chez vous... Presque 10 ans d'écriture d'articles, de retranscription d'interviews et de chroniques . Il est temps de partir vers de nouveaux horizons. Merci à toute l’équipe de Presse Purée qui m’a laissé m’exprimer sur ma culture, mon style de vie, mes rencontres et mes expériences.

Certains parlent de la Crise de la quarantaine ou Crise du milieu de vie... D'autres rapprochent ça au Burn-Out... Moi, je nommerai ça : une période de transition. Un fait de plus en plus répandu.

Pour moi, tout a commencé le 25 avril 2018 à midi. C’est à ce moment là où « ça a commencé à se consumer ». Que faire si ce n’est d’accepter ce qu’il se passe ? Soutenu par ma famille, mes amis et mes collègues, mon travail d’introspection a commencé… Au lieu de rester prostré, je me suis nourri de nature, de lectures, de films, de musiques et de rencontres. Chacune de ces choses ont permis de rebâtir cet intérieur calciné. Puis, je suis parti sur les routes rencontrer les gens…

Aujourd'hui, afin de traverser cette "crise du milieu de vie" dont la société nous parle tant, j'ai constaté un phénomène qui se passe autour de 40 ans. En effet, certains décident de prendre les devants et de mettre leur vie entre parenthèse pendant un temps pour la vivre autrement. Ils prennent les routes seuls, laisse leur travail, leur famille, leurs amis derrière eux et partent vers une quête identitaire pour faire le point... Retrouver une estime d'eux-mêmes parfois en accomplissant quelque chose de grand. Certains iront même jusqu'à voyager seul en traversant le Monde pour partir à la rencontre de cet inconnu pourtant si familier : eux-mêmes...

Donc, ces personnes décident de tout plaquer pour tout recommencer comme ils l'auront choisi avec leurs rêves et leurs espoirs en bandoulière sur les chemins qu'ils auront décidé de prendre. Faire un deuil parfois, de celui qu'ils ne veulent plus être et de quitter ce quotidien qui ne leur ressemble plus.
 

Un jour ils ont décidé d’infléchir leur existence, de se donner une chance : celle d’être au plus près de leur désir. Ces personnes se sont séparées, ont changé de métier, même déménagé. Sûres de leur choix, conscient des renoncements qu’il impliquait, fonçant vers un inconnu qui pourtant leur est familier : un souvenir, une émotion d’enfance, un rêve de toujours soudain prenait corps, prenait vie.

L’évidence du but, la difficulté du chemin, le plaisir de la réalisation, ces personnes se sont confiés à moi dans des bars, des trains, chez eux, au téléphone, sur les réseaux sociaux, sur des places et les plus belles plages de France... Aucune ne regrette cette traversée engagée, elle les transforme et développe des aspects d’eux- mêmes restés en friche. Elles ne sont pas pour autant au bout de leur quête, mais elles continuent leur route avec l’assurance de ceux qui ont pris le risque de s’écouter vraiment.

J'ai compris beaucoup de choses sur notre société en les écoutant. Cette période où nous sommes sur le fil entre la liberté et la solitude... Vous connaissez tous la crise d'adolescence. Depuis quelques années, une autre « crise » tend à lui voler la vedette. Ses contours sont plus flous, tout comme ses causes et ses conséquences, car plus difficiles à situer et à catégoriser. On parle alors de crise du milieu de vie, pour mettre tout le monde d'accord.

C'est l'heure où le corps change et où notre statut professionnel est censé s'affirmer, que les remises en question s'immiscent dans notre vie intime. Des remises en questions qui peuvent donner un nouveau souffle à notre vie, mais aussi avoir les effets dévastateurs d'un ouragan.

Cette remise en question ne trouve pas ses origines dans les mêmes événements mais souvent il manque l'essentiel : donner du sens à tout ce que l’on fait, autant dans sa vie personnelle que professionnelle.

Si de telles situations existent, elles font partie des changements et des bouleversements radicaux engendrés par la crise du milieu de vie. Souvent, les transformations sont beaucoup plus subtiles et surtout, beaucoup plus intimes. Dans le couple par exemple, après des années de vie commune et de problématiques mises de côté, l'un et l'autre se retrouvent face à son avenir, souvent démuni de « projet à deux » ou pas les mêmes projets finalement. Alors que faire ? Ces questionnements peuvent traduire un ennui qui s'est installé au fil des ans, ou peut-être une erreur d'être ensemble, une envie de renouveau, d'aller voir ailleurs qui sait... La plus part des personnes avec qui j'ai échangé ont préféré tout plaqué que mener une double vie en démontrant cette envie d'être sincère avec soi-même et donc avec l'autre aussi. Je me retrouvais dans leur propos. Très vite, on se rend compte qu’il est rarement question de récupérer son ex. Pas de retour en arrière envisagé.

La vie professionnelle peut aussi être un déclencheur. Dans la première moitié de sa vie, on pense à évoluer professionnellement, à gagner de l'argent pour acheter un appartement ou une maison par exemple. Mais après des années de bons et loyaux services, on aspire à autre chose, à davantage de sens, d'authenticité. Selon son statut, on peut chercher à créer une nouvelle dynamique dans son travail, à innover. Mais si l'on ne se sent pas valorisé, inutile, la remise en question peut être violente et générer un départ, une réorientation professionnelle... Ces personnes que j'ai croisées décident d'arrêter leur travail qu'elles faisaient souvent très bien et qu'elles auraient pu faire encore longtemps mais elles préfèrent s'orienter vers un domaine pour lequel ils trouvent du sens comme le service par exemple.

Puis il y a la question de l'Amour. Heureusement ! On rêve tous d'une belle histoire d'Amour et surtout, après tout ce parcours sur soi. Mais ne faudrait-il pas ralentir pour s’aimer vraiment ? A une époque où tout va très vite, où nous sommes rivés sur des applications pour trouver un peu de contacts charnels dans l'instant, imaginez que vous vous consacriez à quelqu’un et que vous lui offriez ce que vous avez de plus précieux : votre temps. Pour se connaître afin de partager des moments qui seront précieux dans vos souvenirs. Se poser à deux ce n’est pas se limiter, c’est prendre le temps d’explorer avec curiosité l’immensité que cette union révèle. Comprendre, échanger et être présent demande bien plus de force que de passer aux prochains. Je me dis qu'il faut arrêter de courir vers notre fin inéluctable, il faut abandonner l’utopie de tout pouvoir vivre, de tout connaître, d’aimer tous et toutes… Libre à nous de choisir, soit de nous laisser mener par le débordement de nos émotions, soit de faire le choix de s’éduquer à ne plus stresser inutilement à développer des qualités qui nous importent. Ces gens m'ont démontré qu'après ce parcours fait pour se retrouver, ils sont sûrs que le fait d'être redevenus eux-mêmes, vraiment, leur permettra de trouver "quelqu’un pour la vie". Et même certains parlent de fonder une famille, tout comme moi... En tous cas, aujourd'hui, plus leur cheminement intérieur avance, plus l'envie se fait ressentir.

Ce que je trouve optimiste dans mes rencontres est que ces personnes avancent de manière réfléchie en tirant les leçons du passé. Ils se questionnent mais sans s’embourber à trop penser à demain. À l'heure du bilan, il vaut mieux voir ce qui nous déplaît dans notre vie pour le changer, sans forcément détruire l'ensemble de ce que l'on a construit. Les conditions de vie pour notre avenir ne font pas rêver si on attend après le gouvernement. Dans la première partie de sa vie d'adulte, on construit sa carrière. Et après ? Accueillie de manière positive et bienveillante, cette transition est l'occasion rêvée pour s'atteler à ce qu'on veut réellement : du sens !

En conclusion, ces rencontres ont changé ma vie. Des connexions inattendues se sont produites et me portent encore aujourd'hui. Puis des amitiés se sont affirmées, confirmées et affinées. Et ma famille est encore plus forte aujourd’hui. Il y a des choses que j’ai envie de faire ou bien de dire à certaines personnes parce que je me rends compte qu'elles sont devenues importantes par ce qu'elles sont et ce qu'elles m’ont donné et que, voulant être à la hauteur de ça, je n’ai pas encore trouvé les mots. Comme quoi, les gens ne se rendent jamais réellement compte de ce qu'ils apportent aux autres en eux-mêmes. Ce dernier article est un hommage empli de gratitude à tous ces gens qui ont gravité autour de moi pendant cette année et à ceux qui vivent ou qui vivront cette période de transition. Parlez, échangez et n’oubliez pas, l’important est de rencontrer les bonnes personnes, le reste n’est qu’un détail.

Ps : Depuis mars 2019, j’ai créé Atome-Médias, je me suis mis à écrire un livre et le reste se construit aussi...

Passionné par l’Humain, je n’aurai jamais l’âge de me faire une raison de ne pas faire ce que je fais aujourd’hui…